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Nikolaus von Weis (1796 - 1869)
L’enfant de berger natif de Rimling, devenu Evêque de Spire
Sur le ban de Rimling se trouve l'imposante ferme de Morainville, le Schoenhof qui a été érigé en fief de la famille des Lalance de Morainville en 1727. Le domaine se trouve à l'extrême limite ouest du ban de Rimling.
C'est dans cette propriété campagnarde que naquit le 24 mars 1796, le 4 Germinal de l'an quatre de la République française, Nikolaus Weis, comme fils d'un humble berger. Ses parents étaient originaires de la proche Sarre, plus précisément du village d'Altheim, sur la route de Deux-Ponts, à une dizaine de kilomètres de Rimling.
Martin Weis, le papa de Nicolas, animé d'une foi ardente, ne put supporter l'idée de faire baptiser son fils par le prêtre constitutionnel ou jureur de Rimling et porta son enfant nouveau-né au curé de Niedergailbach, pour qu'il lui administre le sacrement du baptême.
L'année suivante, le 27 novembre 1797, c'est la naissance d'une fille , Anna Maria, toujours au Schoenhof. Restée célibataire, elle sera la gouvernante de son frère évêque et lui survivra.
Martin Weis qui s'était établi avec sa famille non loin de Rimling, à la ferme de Wiesing, eut encore plusieurs enfants avec son épouse Madeleine Ries native de Altheim. Le berger mourut le 31 mai 1802, victime de son devoir. Etant à la tonte des brebis à la ferme de Brandelfing, il en fut rappelé d'urgence par son épouse parce que son troupeau était atteint de météorisme. Son remplaçant avait fait paître le troupeau sur de la jeune luzerne. Accouru en hâte, Martin Weis parvint à sauver ses bêtes, mais il prit lui-même froid, dut s'aliter et mourut d'une double pneumonie à l'âge de 32 ans. Il est enterré avec son dernier né au cimetière de Habkirchen. En 1850, l'évêque leur fit ériger un monument funéraire représentant une madone avec l'enfant Jésus sur les genoux. En 1857, il fit entourer la tombe avec une clôture en bois et en 1863, il accorda une dotation annuelle de 50 florins pour son entretien. Cette tombe qui avait survécu aux destructions de la dernière guerre, n'existe plus aujourd'hui.
A Spire, en 1850, Monseigneur Weis fit transférer les restes mortels de sa mère, décédée chez lui à l'évêché le 31 mars 1834, à l'âge de 68 ans, de l'ancien au nouveau cimetière de la ville, où il avait acquis une concession.
Après le décès prématuré du père, sa veuve Madeleine Weis retourna avec ses enfants dans son village natal Altheim. Là, dès l'entrée à l'école communale du petit Nikolaus Weis, le maître d'école Johann Adam Firmery, remarqua la vive intelligence de cet élève. Possédant de très bonnes notions de latin, ce jeune pédagogue enseigna les premiers rudiments du latin au jeune Nikolaus. Celui-ci fit des progrès rapides et l'enseignant demanda à sa maman de le confier désormais au curé Axtmann de Niedergailbach qui donnait des leçons de latin à des garçons doués. De 1809 à 1811, de 13 ans à 15 ans, Nikolaus a été l'élève de l'abbé Jean Georges Foliot, curé d'Ormersviller, qui s'occupa encore d'autres jeunes gens se destinant au sacerdoce.
En 1811, à quinze ans le jeune Nikolaus Weis débuta ses études secondaires au séminaire de Mayence. C'est là qu'il fit la connaissance d'un jeune Alsacien, André Raess, natif de Sigolsheim, séminariste comme lui. Les jeunes gens se lièrent d'amitié: celle-ci devait durer toute la vie et s'étendre aussi bien à leurs activités d'écrivains catholiques qu'à leurs ministères épiscopaux.
Le jeune Weis tomba gravement malade, victime de l'épidémie de typhus qui sévissait alors; il dut se retirer auprès de sa maman à Altheim. Il reprit ses études en 1814 et donna des cours dans les petites classes. A 22 ans, en août 1818, Nicolas Weis fut ordonné prêtre et obtint brillamment le grade de licencié en théologie. Nommé professeur à l'école épiscopale de Spire, Nicolas enseigna avec zèle. En collaboration avec son ami alsacien, André Raess, il publia de nombreux documents et tracts dont beaucoup furent traduits de publications françaises.
En 1820, alors qu'il avait obtenu la cure du proche Dudenhofen dans la banlieue de Spire, il fonda avec son ami Raess, la revue "Der Katholik". Elle valut aux deux corédacteurs le grade de Docteur en théologie. Comptant se rétablir complètement sur le plan de sa santé, il espérait un séjour prolongé dans une paroisse campagnarde de la plaine rhénane. Par décision royale du 16 août 1820, sa nomination dans l'importante paroisse de Dudenhofen devint effective. Ce furent sa maman et sa soeur Anne-Marie, née comme lui à Rimling, qui prirent en charge le presbytère et veillèrent avec amour sur la santé du fils et du frère. Son état de santé s'améliora rapidement et il put enfin s'adonner avec le plus grand zèle aux exigences de son ministère qu'il remplit à la satisfaction de ses paroissiens et de ses supérieurs.
Par le Concordat signé le 5 juin 1817, entre le Souverain Pontife et le Roi de Bavière, le Kaiserdom de Spire avait été établi dans sa qualité de cathédrale épiscopale et dotée d'un Chapitre. Mgr von Chandelle y fut intronisé comme évêque en janvier 1822. L'abbé Weis fut l'auteur de la brillante lettre pastorale publiée à cette occasion. Le 13 août 1822, Nicolas Weis fut désigné comme membre du Chapitre et c'est avec beaucoup de regrets qu'il quitta la paroisse de Dudenhofen qui lui était devenue si chère, pour s'installer à Spire où sa maman et sa soeur continuèrent à tenir son intérieur. Le chanoine Weis fut nommé Doyen du Chapitre en 1837. Entre temps, Nicolas avait eu la douleur de perdre sa maman, décédée à Spire le 31 mars 1834; elle trouva sa sépulture au cimetière de la ville.
Lorsque Mgr von Geissel en 1841 quitta le diocèse de Spire pour celui de Cologne comme cardinal-archevêque, il avait nommé auparavant son ami Nicolas Weis, vicaire général, et le recommanda l'année suivante au roi de Bavière pour lui succéder comme évêque de Spire. Pressenti dès le 23 mai 1842, il fut consacré évêque le 10 juillet suivant à Munich par l'archevêque von Gebsattel de cette ville. L'intronisation à Spire eut lieu dès le 20 juillet. Pendant plus d'un quart de siècle désormais Mgr Nikolaus von Weis, anobli par le Roi de Bavière, devait présider avec compétence son diocèse auquel l'attachaient tant de liens. Quel destin hors série au service de Dieu et des hommes!
Mgr von Weis se consacra aussitôt à sa mission de pasteur suprême de son diocèse, secondé dans cette tâche exaltante par son ami Georges Foliot, dont il avait fait son vicaire général. Son premier souci fut de simplifier l'administration et de rechercher le contact avec ses prêtres et les fidèles.
Eglise de Altheim en 1994 - Stèle devant l'église de Altheim
Son hospitalité devint légendaire, les plus humbles étaient admis à ses audiences. De nombreuses tournées épiscopales lui permirent de mieux connaître l'étendue des besoins spirituels de ses diocésains. L'évêque se trouvait toujours présent aux différentes consécrations de lieux de culte de son ressort. Pour rehausser l'éclat et la dignité des offices religieux, Mgr von Weis, veilla personnellement au développement de la musique sacrée, notamment du chant grégorien. Avec le seul souci de l'approfondissement de la foi, le digne prélat développa le culte marial, l'action vincentienne au service des plus démunis, l'adoration perpétuelle tout en fondant la confrérie de la vénération du Très Saint Sacrement, qui se trouva au centre même de toute son action pastorale.
L'enseignement catholique lui tenait également à coeur; ce fut pour lui la pastorale de base de l'édifice religieux. La transformation des écoles confessionnelles en écoles communales neutres, donc laïques, se heurta à son refus catégorique dès le 9 septembre 1848. Ni les flatteries, ni les promesses, pas davantage les menaces ne purent ébranler sa détermination et le faire dévier de sa ligne de conduite d'une rigueur absolue.
Inlassable défenseur de la liberté du culte, il eut soin de faire organiser des séances de travail régulières pour le clergé diocésain, lui assurant déjà une formation continue. Au plan intérieur et esthétique, il fut le promoteur ardent de la décoration intérieure de sa cathédrale, de son "Dom", dont les frais furent assumés par les rois de Bavière successifs Louis 1er et Max II, alors que l'édification de la partie ouest du sanctuaire fut prise en charge par ces mêmes souverains, le duc de Nassau et même l'empereur François-Joseph d'Autriche.
Mgr von Weis jouissait pleinement de la haute considération aussi bien de la part des princes que de celle du Saint-Siège. En outre, il pouvait se prévaloir d'un respect de ses prêtres et de la vénération des plus humbles diocésains. Toute l'Allemagne catholique le tenait en très haute estime et ne lui ménagea pas son approbation, qui trouva une solennelle confirmation lors de son jubilé épiscopal du 10 juillet 1867. Après celui-ci, l'état de santé de l'évêque commença à s'altérer, sans qu'il acceptât de renoncer à l'exercice de son saint ministère. Jusqu'à son dernier souffle, il se préoccupa du salut des âmes, à lui confiées. Il garda aussi l'espoir de pouvoir participer au concile "Vatican I", qui devait se tenir à Rome du 8 décembre 1869 au 18 juillet 1870, sous Pie XI, où fut proclamé le dogme de l'infaillibilité pontificale. Mgr von Weis avait déjà pris rendez-vous avec son ami Mgr André Raess, l'éminent évêque de Strasbourg pour participer au concile, témoigner son attachement filial au Saint-Père et y oeuvrer pour le plus grand bien de l'Eglise universelle, mais Dieu en avait décidé autrement. Mgr Nikolaus von Weis, l'enfant de Rimling et d'Altheim, de Lorraine et de Sarre, fut rappelé en sa divine demeure le 13 décembre 1869, après de longues souffrances, cinq jours après l'ouverture du concile.
Après des funérailles émouvantes, la dépouille mortelle du vénéré prélat trouva sa dernière demeure dans la crypte de la cathédrale, de son "Dom". Sa vie exemplaire au service de Dieu et de l'Eglise lui avait valu des regrets unanimes. La paroisse d'Altheim garde avec une pieuse fierté le souvenir de son grand fils. Aujourd'hui, la localité a donné le nom de "Bischof von Weis-Strasse" a l'une des rues du village. De même, la commune de Rimling a décidé en l'an 2004, de donner le nom de "Rue Monseigneur Nicolas De Weis" à l'une des rues du nouveau lotissement de la Bickenalbe.
Cette relation de la vie et de l'oeuvre de Mgr von Weis a pour but de rappeler la mémoire de l'évêque de Spire dans son village natal, dans tout le Pays de Bitche et au-delà. Ce digne prélat fait également partie de notre patrimoine Historique et spirituel. En effet, jadis, et jusqu'au 18e siècle, les paroisses d'Altheim et de Rimling appartinrent à l'archiprêtré de Hornbach et au diocèse de Metz. De nombreux curés d'Altheim étaient originaires de Lorraine, de Loutzviller et de Walschbronn, entre autres. Au Moyen-Âge, les localités d'Altheim et de Rimling se trouvaient sous la juridiction civile de Bitche Deux-Ponts. A partir de 1766, Altheim revint avec l'ancien comté de Bitche à la couronne de France, sous le règne de Louis XV. Cette appartenance fut encore confirmée en 1801 pour le Traité de Lunéville. Ce n'est qu'au Congrès de Vienne en 1815 que le sort d'Altheim fut définitivement lié à celui de la communauté allemande.
Tombe de Mgr Nikolaus von Weis, dans la cathédrale de Spire
Pélerinages à Spire
Le dimanche 19 juin 1994, une cinquantaine de personnes de la famille WEISS, à l'instigation de René Erhard de Rahling, s'est rendu à SPIRE pour rendre hommage à leur illustre ancêtre. Le groupe a assisté à une messe au "Dom" où repose Monseigneur Nikolaus von Weis.
Le dimanche 24 mars 1996, le Club du 3e Âge de Rimling est parti en pélerinage à Spire, à l'occasion du deuxième centenaire de la naissance de Nikolaus von Weis, inhumé dans la cathédrale. Le groupe a pu assister à une messe dans le "Dom" avant de prendre le déjeuner au Restaurant Domhof. Au retour, arrêt à Neustadt; le repas du soir a été pris au restaurant La Chaumière à Medelsheim.